Caméléon du cinéma

« Je n’ai jamais imaginé ce métier comme un lieu où je devrais choisir sa paroisse », confie Pierre Niney à un journaliste de Numéro Magazine. Créateur de luxe, pompier de Paris ou bien négociateur politique, l’acteur phénomène du cinéma français explore une diversité de rôles impressionnants. Et, avec près de 25 films à son actif, il s’exerce à la comédie autant qu’au drame. Son humour varie entre l'autodérision et l'ironie : une part importante de son image, aussi bien à l’écran qu’en dehors de ses prestations d'acteur. C’est souvent dans les productions du réalisateur Igor Gotesman, son grand ami, que l’alchimie opère. Que ce soit le film Five (2016) ou la série Netflix Fiasco (2024), le comique de ce duo met en avant l'absurde et le décalé. Cependant, cela n'empêche pas Pierre Niney de se distinguer dans des rôles plus dramatiques, et de ne se restreint pas qu’à un seul registre d’interprétation. En 2014, il a reçu une reconnaissance majeure grâce à son interprétation d’Yves Saint Laurent dans le biopic éponyme, réalisé par Jalil Lespert. Cette incarnation lui vaut une nomination au César du meilleur acteur, qu’il remporte, devenant l’un des plus jeunes à décrocher cette distinction. Il se démarque également par sa polyvalence dans des films comme Frantz (2016) drame historique de François Ozon et Sauver ou périr (2018), où il joue un pompier de Paris blessé dans l’exercice de ses fonctions.

L’interprète de 35 ans est un véritable caméléon, capable de s’adapter à chaque rôle. Toutefois, il ne se limite pas qu’à cela : en plus de sa carrière d'acteur et de comédien, il touche aussi au doublage. Il prête sa voix à des films d’animations devenus cultes tel que Vice-Versa en 2015 et 2024 pour le personnage de Peur, mais aussi Fourchette dans Toy Story 4, un jouet inventé à partir d’un déchet. D’acteur à doubleur émérite, Pierre Niney se prépare à ajouter un nouveau rôle à son répertoire : celui de réalisateur. Progressivement, il s'illustre derrière la caméra, et il nous tarde de voir son nom rejoindre ceux de réalisateurs de renom.

Rêve de gosse

Fils d’un professeur de cinéma et d’une auteure de livres de loisirs créatifs, ce couteau suisse du cinéma est bercé depuis l’enfance dans un monde artistique. Très tôt, il développe un goût prononcé pour les arts, montrant un vif intérêt pour le théâtre. Sa passion pour la scène et le cinéma s’éveille dès l’adolescence. Sur les planches dès 11 ans, se découvrant une véritable vocation, il intègre plus tard le prestigieux Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et se forme au cours Florent.

C’est en 2010, à la Comédie-Française, que sa carrière prend un tournant majeur. Il devient le plus jeune pensionnaire de l’histoire à intégrer cette prestigieuse institution. Sa vingtaine d’années d’expérience théâtrale lui permet de collaborer avec des metteurs en scène de renom et d’affiner sa maîtrise du jeu. Il rencontre de nombreux succès théâtraux comme sa performance dans Un chapeau de paille d’Italie (2012) de Eugène Labich, mais aussi dans une adaptation de Phèdre (2015), où il fut applaudi pour sa prestation d’Hippolyte. C’est dans le cinéma que son évolution prend une nouvelle dimension : sa rencontre avec des réalisateurs d’envergure comme François Ozon (Une nouvelle amie) et Yann Demange (HHhH) marque un véritable tournant dans sa carrière, consolidant sa place parmi les figures montantes du 7^e art.

Scène internationale

Sur les pas de Marion Cotillard ou de Jean Dujardin, une carrière brillante attend Pierre Niney. Son rôle dans le thriller Boîte noire (2021) et sa performance dans la série Oslo (HBO, 2021), sur les accords de paix israélo-palestiniens, renforcent son image sur la scène mondiale. Il est souvent considéré comme l’un des talents français les plus prometteurs pour rayonner à l’étranger, grâce à sa maîtrise de l’anglais – un atout rare où certains artistes du pays préfèrent garder leurs répliques sous-titrées plutôt qu’en version originale. C’est d’ailleurs grâce à ça qu’il a pu sortir du cadre hexagonal, comme avec le film Altamira (2016). Aux côtés d’Antonio Banderas, il incarne un personnage secondaire dans une œuvre signée par le réalisateur oscarisé Hugh Hudson. Néanmoins, rien ne propulsera plus l’acteur que son rôle principal dans le long métrage bleu-blanc-rouge, sorti en juin 2024, Le Comte de Monte-Cristo. Accompagné par un casting impressionnant, Anaïs Demoustier, Laurent Lafitte ou encore Vassili Schneider, le duo de réalisateurs, Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, mettent en place une nouvelle adaptation du livre éponyme d’Alexandre Dumas. Un retour sur l’histoire d’Edmond Dantès, un jeune homme trahi et emprisonné à tort, qui revient se venger sous l'identité du Comte de Monte-Cristo. Entre vengeance et rancœurs, cette histoire à succès projettera la France jusqu’au États-Unis et, on l’espère, jusqu’aux Oscars.

Cependant, nous ne désespérons pas de le découvrir à l’affiche d’un blockbuster américain. Et lui non plus d’ailleurs : « Il m'est arrivé de refuser des choses parce que je ne trouvais pas les rôles aussi intéressants qu’en France, mais j'ai un agent là-bas, et s'il y a le bon projet, j'irai bien sûr », énonce-t-il au micro de Télé-Loisirs tout en se considérant « très chauvin [il rit] ! »

Carrière sans limites

Pour le moment, Pierre Niney n’est pas prêt à quitter l’Hexagone. Il révèle ses futurs projets au magazine Voici : « Pour Yann Gozlan j’incarne un coach de vie dont le parcours prend une tournure toxique. Il y a également une comédie, Feuilleman, avec McFly et Carlito. Tout commence comme un canular. Vous voyez, je reste dans l’éclectisme ! ». Cependant, bien que Pierre Niney soit encore profondément attaché à sa patrie, « la plus belle industrie de films du monde » selon lui, il semble plus que jamais determiné à conquérir la scène internationale. Sa carrière, déjà impressionnante, promet de se déployer davantage à l'échelle mondiale. Comme le soulignait Edmond Dantès, la seule chose à faire maintenant est « d’attendre et espérer ». Et avec ses projets à venir, il ne fait aucun doute que l’attente en vaudra la peine.