THE HOUSE OF THE DUST (LA MAISON DE POUSSIÈRE)
Collections au féminin (1960-2020)

Emma Courbon, décembre 2022

Le musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne (MAMC+) est soucieux cette saison de la place de la création féminine dans le monde l’art. Dans ce contexte, le MAMC+ propose un nouvel accrochage des collections s’attachant à améliorer la visibilité de la création féminine, qui ne représente qu’environ 4% parmi ses 20 000 œuvres.

Le musée nous fait entrevoir d’autres figures artistiques de différents domaines et continue sa conquête pour réhabiliter la place des femmes artistes dans le monde de l’art. Sous le commissariat d’Alexandre Quoi, responsable du département scientifique du MAMC+, sont réunies 130 œuvres d’une quarantaine d’artistes, de 1960 à nos jours. Le parcours de l’exposition est centré autour de trois thématiques : le corps, du langage et de la matière. On retrouve des œuvres de grandes artistes qui ont marqué l’histoire de l’art en commençant par Barbara Jünger et Marina Abramovic à Cindy Sherman, en passant par Nan Goldin.

Sur l’aspect du contenu, le musée a choisi d’exposer de grandes artistes et de donner accès à un grand nombre d’œuvres prestigieuses. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir contempler des œuvres de Cindy Sherman ou Marina Abramovic. On retrouve aussi une grande diversité de médiums artistiques, comme la photographie, la peinture, la sculpture en passant par la vidéo ou la performance, il y en a pour tous les goûts.

Est-ce vraiment nécessaire de la part du musée de dédier une exposition à des artistes féminines ? Ont-elles besoin qu’on leurs consacre une exposition pour que leur travail soit accessible ? Cette exposition est-elle en faveur des artistes féminines ou plus pour la bonne conscience du musée ? Et pourquoi préciser que l’exposition comprend des artistes « féminines » ?

L’exposition regroupe une poignée de femmes sans vraiment de cohérence, les œuvres présentées n’ont pas de thématiques en commun, elles ne se complètent pas forcement ensemble. On passe de la question « qu’est-ce que c’est que d’être une femme artiste ? » avec le travail du collectif les Guerrilla Girls, groupe d’artistes féministes, à la notion de matière sur une tapisserie de Sheila Hicks. Non pas que les tapisseries de Hicks ne soient pas à leur place au musée mais les thématiques abordées sont confuses. Si le musée veut prendre le parti de faire connaître le travail de femmes artistes, autant choisir des œuvres qui témoignent de cet engagement de la place de la femme et non exposer des œuvres pour exposer des œuvres. De grands noms sont exposés ici, mais l’on peut être un peu déçu de voir que les œuvres de ces grandes artistes que le musée a choisies pour cette collection ; ne correspondent pas forcement à l’engagement que le musée a voulu nous monter et défendre. D’autres artistes auraient dû faire partie de cette exposition comme Hannah Wilke, ORLAN ou Betty Tompkins, des artistes dont le travail dénonce cette idée que la femme artiste n’est pas assez reconnue et qu’elle peut aborder des sujets qui lui plaisent sans être classé dans une catégorie ou une case. L’exposition est intéressante mais ne développe pas le point de vue que le musée a choisi de mettre en avant. Il regroupe des œuvres importantes et essentiel dans le monde artistique mais on ne ressent pas ce qu’est la question féminine et ce que c’était et ce que c’est d’être une femme artiste.

Les deux autres artistes exposés en parallèles ne s’opposent pas à l’exposition et peuvent apporter en plus, un écho et une résonance. On rappelle aussi que le musée met en lien l’exposition avec une journée de colloque sur la question du genre qui aura lieu le 9 décembre à Lyon. Quoi qu’il en soit, on peut espérer dans l’avenir voir plus d’exposition et d’œuvres de femmes artistes au sein du musée.

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